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Un blog tout a fait personnel qui informe des manifestations , des conférences , des lectures et du cinéma.

Publié le 25 Mai 2013 par Gilbert Hanna

Une merveille. Un aboutissement (peut être ou bien je l’ai perçu comme ceci) dans l’art d’écrire- je n’avais pas lu les autres romans - de cette merveilleuse (dans tous les sens du mot) écrivaine (« Ne jamais remettre au lendemain ce que l’on peut faire le jour même » demain je m’y met disait Felipe en affichant cette phrase dans un « Mafalda ») et je remercie mon ami Claude Morton de m’avoir fait découvrir cette belle dame en me laissant le livre à la maison avant de retourner dans le pays de cette auteure. Voilà comme sont mes amis ! « Cent vies et des poussières » de Gisèle Pineau Ed. Mercure.

L’histoire de Gina la mère de tous ces enfants de la Gwa qui enfante pour vivre des rêves et des moments merveilleux et fuir la réalité et la société déglinguée. Une façon de fuir le quotidien. La magie se mêle à ce faux conte et l’histoire de la Guadeloupe refait surface dans ce récit. On se laisse happer par l’écriture et le verbe fleuri. Il n’y avait qu’une guadeloupéenne pour raconter ces moments d’enchantement même si France Antilles dit d’elle « être une écrivaine française ». L’hexagone pourrait par l’éducation nationale et la télévision nous faire connaître cette façon de dire les choses de la vie. C’est pour cela que Mercure de France nous laisse 5 pages blanches à la fin du livre pour nous permettre de noter les mots, les expressions et les tournures de phrase. « Un racoon » « coucoune brulante » « genre de putaine » me faisant penser à ma mère qui était persuadée que putain se disait des hommes et putaine des femmes »etc. J’ai aimé fort ce roman qui nous tient comme les deux mains de cette femme enceinte. Un roman plein d’espoirs, l’élection d’un noir aux Etats unis, mais la réalité est toujours là. La vie est toujours aussi chère, le chômage, la drogue.

Extrait Gisèle Pineau à France Antilles : « L'histoire de Gina Bovoir s'est imposée à moi de manière impérieuse. Je suis revenue en Guadeloupe en 2009, après avoir passé huit années à Paris. J'étouffais. J'avais l'impression de m'éteindre de l'autre côté de la mer.

Le retour s'avérait nécessaire, de l'ordre de la survie. Je suis rentrée peu après les événements de janvier-février 2009. J'ai eu l'impression que la Guadeloupe vivait un moment important de son histoire, qu'elle prenait enfin le temps de s'arrêter, de se regarder.

Le temps de revenir sur son passé, avec une grande maturité, des perspectives. J'ai senti tout autour de moi une forte énergie, le désir d'un peuple de se construire, de se grandir, en toute conscience, en connaissance. Je suis revenue pour participer à cet élan.

Dans Cent vies et des poussières, je raconte l'histoire d'une femme seule, mère de huit enfants, qui ne connaît que la joie de porter et mettre au monde ses enfants. Ensuite, elle s'en désintéresse bien vite, les laisse pousser comme des herbes folles dans une savane. Gina aime les bébés. Lorsqu'ils grandissent, elle éprouve très vite le sentiment de les avoir ratés. Ils lui échappent, tournent mal, deviennent monstrueux. Alors, elle s'en détourne, les observe avec indifférence.

Gina incarne une Guadeloupe qui se remplit des biens de consommation pour se sentir vivante. Gina ne veut pas être bouleversée par ce que ses yeux voient. Ses enfants perdus, livrés à eux-mêmes, égarés dans la jungle de La Ravine Claire, là où l'on a bâti une série de logements très sociaux pour parquer des miséreux qui vivent d'allocations et de débrouillardise.

Dans Cent vies et des poussières, on entend les chuchotis et les murmures des esclaves qui ont jadis habité l'endroit. Ils hantent les lieux. Ils demandent à leurs descendants ce qu'ils ont fait de la liberté si belle, si chèrement acquise. Gina est incapable de répondre à ces interrogations, comme la plupart des hommes et femmes qui vivent là.

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